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Ecrits en Auvergne-Rhône-Alpes et à Avignon

Ecrivez-vous de partout

Des ateliers d'écriture, de la poésie, des lectures publiques

une mosaïque de portraits poétiques à feuilleter en ligne

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L'Oasis - Odile Fix

 

04, 11, 18 et 25 octobre 2019 (matins et après-midis) et au-delà...

Ateliers d'écriture et d'arts plastiques du Service d’accueil de jour L’oasis - 63000 Clermont-Ferrand

Écritures

Le vrai voyage est musical apprécié pour le son de flûte céleste qui parle à des cercles de cœurs en profondeur, en rythme saccadé, contrairement aux chants d’oiseaux  car l’aigle parle très haut.

 

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Il y a une vallée où murmure une rivière en continu.

Il y a ces galets polis par l’eau froide et la pluie.

Il y a ces bois écorchés de ronces et de genêts.

Il y a le temps qui s’oublie sans chercher quelle heure il est.

Il y a la pluie, le feu de bois et la cheminée.

Il y a d’étranges chasseurs qui guettent sur les talus.

On profite du temps selon les saisons, quand le soleil apparaît au crépuscule de sa lumière.

Au matin, le ciel est grisonnant et froid. Le café est le premier breuvage chaud de la journée.

Ces bois sont aussi une mémoire de mon enfance quand je jouais avec des bâtons ou bien explorais la cascade avec témérité. Souvent, on y entendait de loin des mésanges et des biches et on écoutait les hiboux chaque soir, dans la nuit.

En nous promenant, nous retrouvons les chevaux, les chèvres et les vaches.

 

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Enfant, on découvre la forêt, la magie des lieux du bonheur.

L’enfant cherchait à connaître ce qui l’entourait, à travers un amas de tissu pour se rassurer de l’inconnu.

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Ils sont chétifs avec leurs membres boudinés, des boules d’eau.

Les bébés sourient à tout vent, même quand ils rampent à terre.

On les voit sautiller, on les entend babiller pour parler, s’égosiller de pleurs pour rentrer, pour qu’on les fasse manger, qu’on les lave, pour être bercés, pour, à leur coucher, qu’on les admire.

Dans leurs poucettes, leurs mains désignent tout, même maladroitement.

Les objets qu’ils tiennent tombent.

Leurs yeux sont intrigués par la masse vivante. Que voient-ils de plus que les gens ?

 

Certains se recroquevillent comme des tortues délaissées. Ils se construisent une carapace.

Parfois, ils voudraient savoir comment grandir quand le ventre dégaine leur angoisse, qui les creuse dans le silence.

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Ceux-là se lèvent avant le soleil pour vivre dans leur crevasse où la rivière de granit, Crédonia, est presque muette comme les pierres.

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Les bergers chantonnent et leur voix tape à la place de la canne pour que leurs moutons restent groupés avec le chien qui guette leur laine.

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Guère plus loin que la rivière, il y a ces villages où des les  gens ont le visage rougi comme leur vin du matin.

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Celui-là rumine sa routine, pareil à ses vaches, dans l’herbe verte de leur plaisir.

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Tous, ils boivent le lait des vaches et des brebis et se nourrissent de leur chair opulente.

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D’autres, à part, les chasseurs, chassent les bêtes au bruit de leurs fusils.

On ne peut jouer comme eux.

Leur attirail fait d’eux des militaires des bois, tiraillés.

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Le monde rural est creusé, pareil à leur terre. L’herbe cuite en hiver la rend rude : des vies gelées.

Ils sont bourrus et trapus. Certains, si on regarde bien, ils sont généreux et pugnaces.

Dans des lieux oubliés.

Charley Val

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Ma campagne au petit jour est encore endormie. Mais je vois l’étang tout proche qui est dans la brume. Il ne faut pas trop s’en approcher car on pourrait tomber dedans. On le distingue à peine. On dirait la mer à la campagne.

À l’horizon, le soleil commence à se lever. Il fera beau aujourd’hui.

Les grenouilles coassent vers l’étang ; elles sont à peine réveillées.

« Tiens, il y a déjà du monde autour de l’étang ! »

– Mais non,  ce sont des joncs et des roseaux…

Les oiseaux commencent à pépier.

​

Au loin, des vaches, qui attendent d’être nourries, meuglent pour appeler le paysan.

Le grand sapin vers la maison bouge, il y aura peut-être du vent ce jour. En tout cas, le ciel sera bleu car le soleil n’est pas loin et il nous fait admirer ses belles couleurs mordorées.

Les maisons commencent à s’allumer.

Les gens sortent de la torpeur de la nuit. Ils vont sur le pas de la porte pour voir le temps qu’il fera. Le paysan voudrait du beau temps car il doit rentrer son foin. D’autres voudraient de la pluie pour pallier à cette sécheresse.

Les hirondelles volent haut, c’est signe de beau temps. Elles commencent la chasse aux insectes pour nourrir les petits qui attendent, le bec ouvert.

Un chien jappe au loin, le fermier doit avoir sorti les vaches.

Le village se réveille peu à peu.

J’entends le camion du laitier qui vient chercher le lait.

Puis, petit à petit, le jour point, le soleil se lève. Nous sommes en septembre, les matinées commencent à être fraîches.

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Petit à petit, le ciel devient plus bleu.

L’étang se distingue.

Quelle belle journée en perspective !

Une petite brise fait bouger les roseaux.

Quelques nuages blancs se forment dans le ciel. Par moment, ils cachent le soleil. Ce sont les moutons du ciel.

Les grenouilles, qui coassaient, plongent dans l’eau. Plouf !

Les sapins de la forêt toute proche se mettent à bouger. Ils ressemblent à des sentinelles.

L’herbe est encore pleine de rosée.

On n’entend plus les animaux, ils sont partis au pacage.

Par-ci, par-là, les oiseaux volent en piaillant. Les hirondelles frôlent l’eau de l’étang à la recherche  des insectes.

À côté, les fourmis s’activent.

Les chiens se mettent à aboyer, accompagnant les troupeaux au pré.

De loin, je distingue le berger, avec son béret, son bâton et ses bottes.

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Le fermier a les mains calleuses à force de manier le manche.

Il se protège du soleil

en mettant son béret à l’avant.

Son fidèle chien et tout près de lui

qui attend les ordres de son maître.

 

La fermière reste à la maison

elle ira au jardin chercher les légumes

qui feront la soupe.

À cause du soleil

elle met un mouchoir à carreaux sur sa tête.

 

Ce soir, avant de rentrer, les vaches

iront boire à l’étang.

 

Ceux qui vivent là sont heureux :

pas de voitures qui roulent à vive allure.

Ces gens là sont le cœur sur la main

il y a toujours à boire et à manger.

Ils prennent le temps de vivre.

La grande horloge égrène les minutes.

Il va bientôt falloir aller se coucher.

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​

Le grand-père surveille le troupeau.

Il est âgé et un peu fatigué.

Il prend appui sur son bâton.

Comme il fait froid, il a mis son gros pull en laine de pays.

Il a mis ses bretelles à boutons pour tenir son pantalon.

Le béret termine sa tenue.

Ses moustaches sont un peu démodées, mais il s’en moque éperdument.

Sa vie, c’est sa ferme, ses champs, ses animaux.

Pourtant, il pense que s’il avait été fonctionnaire, il ne serait pas tributaire des éléments de la nature et il n’aurait peut-être pas vieilli avant l’âge.

Mais, malgré tout, ici, c’est chez lui et il est fier de ses champs.

 

 

 

Il y a du vent, les joncs et les roseaux ploient. On dirait qu’ils ont mal.

Les sapins de la forêt sont en mouvement. Avec le vent qui siffle à travers, c’est sinistre.

Certains animaux n’aiment pas ce vent qui rebrousse leurs poils.

Le paysage se transforme.

On se croirait dans l’au-delà.

Quand le vent aura fini de souffler, il nous amènera la pluie.

Alors l’étang va être en mouvement avec des milliers de petites bulles et des remous semblables aux ricochets que font les enfants avec un galet.

C’est fou combien, dans une journée, un paysage peut changer suivant les éléments.

Le ciel gris voile le soleil.

Le temps s’est rafraîchi.

Le vol des oiseaux est freiné.

C’est triste.

 

Maintenant, c’est le crépuscule.

Comme ce matin, les choses deviennent floues.

Les lampes commencent à s’allumer.

Les portes se ferment.

Puis, peu à peu, c’est la nuit qui arrive.

Tout redevient silencieux.

Le paysan et sa femme mangent la soupe.

La cheminée où brûle de grosses bûches de bous réchauffe l’atmosphère.

Autour d’elle, tout à l’heure, on mangera des châtaignes.

Le chat fait partie de la maison. Il est enroulé sur une chaise et ronronne à tout va.

Au-dehors, on ne voit plus rien.

Une chauve-souris vole par-ci par-là.

Tout cela remue ma mémoire.

Je pourrais en faire un dessin…  

Josiane Ribéry

À la période du travail de la terre qui est retournée en automne, on voit les sillons surmontés d’une brume épaisse. Les haies se dessinent à peine. L’hiver, la terre se couvre d’une couche de neige. Lorsqu’elle fond, on revoit la terre, marron et fraîche, qui prend une teinte foncée. Parfois, un peu d’eau coule entre les sillons.

 

C’est l’heure des semailles lorsque les dernières gelées sont passées. À l’aide d’un outil, l’agriculteur sème les graines. Au petit matin, on voit clairement les sillons remplis de la semence. La haie est verdoyante.

 

Puis, le blé sort de terre et grandit. Au petit matin, on voit les brins de blé nettement. La haie est de plus en plus fournie.

 

Ensuite, vient la récolte, le blé est à sa maturité. Tout le champ est jaune, on entend dès le matin le bruit de la machine et on voit  la poussière qui en émane.

Au petit matin le blé est récolté et vendu ou gardé pour nourrir les animaux, l’hiver.

La chaleur est accablante, parfois une petite brise fait vibrer les brins de blé. La haie est fournie de feuilles bien vertes.

 

L’agriculteur, un peu trapu, le visage ridé, connait et aime sa terre. L’agriculteur a un travail cyclique qui nécessite beaucoup de temps.

Après la récolte, sa joie est grande quand il voit le blé couler à flots.

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Je suis en ville.

Au petit jour, tout est calme, pas un passant dans les rues, l’air est pur.

Vers 8 heures, la ville commence à s’agiter. On voit un passant poussant la porte de la boulangerie pour prendre son pain.

Sur la voie, les passants se pressent dans leur voiture, tous les regards rivés sur la route, pour rejoindre leur travail, que ce soit l’usine, l’administration.

Quelques uns utilisent les transports en commun, d’autres marchent, les jours de pluie, ils sont munis d’un parapluie.

Puis, les rues se vident, les personnes sont entrées.

À midi, à nouveau le flot des personnes ressort de ses occupations pour aller manger dans leur restaurant préféré.

2 heures, c’est la rentrée dans les locaux.

 

Je vais décrire un conducteur qui est dans sa voiture. Assis sur son siège, il avance en appuyant sur l’accélérateur. Il est vêtu d’un costume noir et d’une cravate à pois. J’aperçois son visage à travers la vitre. Il est brun, aux yeux bleus, le teint mat. Muni d’une sacoche, il roule pour rejoindre son lieu de travail dans une administration.

 

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Je vais décrire un personnage assis sur une chaise et préparant un gâteau.

Nous sommes dans la matinée, la lumière est suffisante pour dévoiler une silhouette grande mais fine.

Ici, en plein été, quand le soleil donne bien, on voit ce grand corps, les mains, le tronc, les jambes en parfaite harmonie, ainsi que le visage au teint clair, les traits réguliers.

 

La personne est assise et tient un fouet à la main pur préparer le gâteau, les ingrédients sont mélangés dans le saladier. La main tient le fouet et le bras est plié sur la table, l’autre bras, simplement plié sur la table aussi. Les jambes sont pliées sur la chaise, la partie du genou au pied reste à la verticale, le pied repose sur le sol.

 

La personne est vêtue d’un fuseau noir et d’un gilet fuchsia. Aux pieds, elle porte des chaussures beiges, ouvertes et à talon plat.

Le teint est clair, les cheveux blonds, légèrement balayés, les yeux vert clair.

 

Cette personne aime cuisiner des petits plats qu’elle partage avec toute la famille.

 

Une voix atone, pas un mot plus haut que l’autre.

Elle s’adresse aux autres simplement.

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Corinne Lamoine

Le territoire enferme, emprisonne.

C’est là et nulle part ailleurs.

C’est un champ, territoire, enceint d’une clôture

où passe la route, à côté.

 

Il y a, dans ce champ, diverses choses :

- des arbres épars, surtout un cerisier à griottes que j’aime beaucoup.

- les moutons de mon grand-père qui broutent l’herbe.

- une cabane accolée aux arbres, des noisetiers où (dans laquelle) il y a des cages à lapins et, je crois, des cages à poules, vides, abandonnées.

- une bordure qui longe la cour de la maison de ma grand-mère, où il pousse des groseilliers : je me régale avec les groseilles.

 

Au petit jour, je vois un coq, non, c’est le coq d’à côté que j’entends un peu.

Le buisson près de la route est un animal tapis, un lion ou un lionceau.

De faibles bribes de voix me parviennent. Je vois des lumières… ce sont des fées qui fusent dans l’air. Elles jouent à la corde à sauter comme des gamines qu’elles sont.

Parfois passe une auto sur la route, qui vrombit, mais sinon, l’air est calme.

Je vais voir des champignons au pied des arbres, puis le jour s’agrandit en une lumière intense.

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Voici qu’il vient quelqu’un. C’est un homme.

C’est le propriétaire qui loue le champ à mon grand-père. Il observe, il est un peu hagard. Il se dégage de lui une impression de fatigue. Ses vêtements semblent usés et un peu chiffonnés.

Il regarde au pied des arbres, il semble chercher quelque chose, il a perdu quelque chose.

Sous ses lunettes, son visage a l’air fatigué et comme froissé.

 

Moi, je suis une préadolescente, presque athlétique, un garçon manqué, qui monte aux arbres.

Je porte un short noir et un t-shirt jaune.

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Mon grand-père était bon, doux, timide avec moi. Mais quand il se mettait en colère, surtout avec ma grand-mère, il avait une voix forte. Il ne supportait pas que ma grand-mère achète des pâtisseries. Pour lui, ce n’était pas de la nourriture.

Si elles passaient à sa portée - bien sûr, ma grand-mère faisait attention de les protéger -, il les prenait et les balançait au risque de les abîmer.

 

Un jour, à table, alors que j’étais encore enfant, que je faisais des manières pour manger, il m’a donné une gifle très forte. Je ressens encore la violence de sa grosse main sur ma joue.

Il me semble que, par la suite, nos rapports n’étaient plus les mêmes, je l’ai craint, sans vraiment en être consciente.

 

Parfois, je le regardais tuer un lapin. Il l’assommait puis le saignait puis l’accrochait par les pattes arrière à un axe et lui enlevait la peau.

Pour moi, c’était mal, mais comme c’était mon grand-père qui faisait cela, je pardonnais cette chose et pensais que cela devait être normal.

 

Je trouvais ma grand-mère gentille. Elle était très travailleuse, courageuse, gaie. Elle aimait faire la cuisine et le ménage et quelquefois, elle chantait avec son accent italien, de sa très belle voix mélodieuse.

Elle faisait une cuisine riche, en Italienne qu’elle était : pâtes, pizzas, pâtisseries et même des frites ; parfois, elle aimait cuisiner français.

Cela donnait le bedon à mon grand-père.

 

 

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La maison de mon enfance… enfin, surtout le jardin.

Il y a un poulailler et aussi quelques cages à lapins.

C’est un jardin potager avec un puits au milieu et recouvert d’une dalle. Une clôture autour.

Puis, vient la maison, avec le bac à sable à gauche, coin qui surplombe un champ où viennent paître des vaches. Au loin de ce champ, coule le ruisseau.

 

Je suis habillée d’un pantalon jaune et d’un tablier d’écolière fleuri. Je suis une petite fille de 6 ans.

Je vois mon père qui sue dans le jardin, à planter, repiquer, semer, retourner la terre à la fourche, bêcher, labourer pour qu’on ait de bons légumes pour les repas.

je ne me souviens pas tellement comment il était, mais, dans son esprit, il a l’air toujours ailleurs, comme s’il rêvait.

Il est châtain et a les yeux verts. Il est plutôt petit, mais, pour moi, bien sûr, dans mon souvenir de petite fille, il est immense, je ne vois que lui (peut-être comme s’il était un autre moi).

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Béatrice Kukolj

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À l’aube, une ombre au loin se dessine.

Parmi les sapins, on distingue de petites maisons. Mais, est-ce vraiment un village, perché tout en haut d’un sommet ?

Peut-être plutôt un groupement de rochers qui veillent en haut de la forêt ?

 

Leurs visages, que j’imagine, issus d’un rêve, me ramènent souvent à un lieu dans lequel je n’existe pas où d’autres personnages ami(e)s sont présents et bien vivants.

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Mon enfance ressemble à un petit bourg - ou, plutôt « lieu-dit », où vivaient en harmonie paysans et paysannes.

Mon lieu-dit était peuplé de quelques maisons, les personnes y habitant se connaissaient, se rendaient service et parlait de ce qui animait leurs journées et autres soucis du quotidien.

La vie y était tranquille et l’on attendait des nouvelles du fils, de la fille ayant rejoint la ville. Le facteur ne partait pas sans avoir bu son « canon ».

Le « Familistère » ou « Casino » passaient une fois par semaine.

Poules et lapins, chats, chiens faisaient partie du corps fermier.

Avec ma grand-mère, nous allions faucher les prés verts de la luzerne, et Grand-Mère nous cajolait, le soir tombé, avec un bol de soupe et un verre de lait de la ferme voisine et de gros baisers avant que nous allions rejoindre le monde imaginaire du rêve.

 

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L’homme partait aux champs, travaillant le blé, fauchant la luzerne, préparant la terre, la herse tirée par deux chevaux, s’arrêtant à midi, tirant de sa musette le déjeuner préparé avec soin par la brave femme qui était son épouse, rentrant, dans une fin de soir, épuisé mais comblé du travail qui donnerait au printemps pommes de terre, céréales en complément des produits fermiers, volailles, lapins, qui viendraient compléter donner quelques occasions dans l’année de se régaler.

 

Homme aux épaules larges, aux mains rugueuses, devinant laissant deviner un certain passé, au corps lourd du travail accompli, au parler rude, mais au cœur tendre. Ses gestes laissaient parfois transparaître quelques sentiments.

 

Sa femme, brave femme soumise à l’autorité de son mari, souffrait en silence, n’ayant mots à dire, regards silencieux, sourires, toutefois, d’un souvenir agréable, d’une enfance partagée  sur les bancs de l’école entre gens d’un même pays.

 

Joie autour de la table, le patois était de mise, nous n’avions pas droit au chapitre.

 

Cœurs de deux fermiers solides, peine du labeur bien fait.

L’amour véritable, au fil des années, faisait naître une véritable tendresse et une affection cultivées chaque jour de l’année.

 

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Je vis maintenant dans une ville universitaire, beaucoup de jeunes viennent y commencer ou achever leurs études.

Ma ville a des quartiers bien différents. À sa périphérie, il y a les zones industrielles, les grands magasins, des bâtiments se construisant partout. Je ne reconnais plus ma ville, les enseignes des magasins changent souvent. Comme dit Lény Escudéro, dans une chanson : « en l’an 3000, toute ville sera bétonnée et il n’y aura plus de verdure pour se mettre à l’ombre des peupliers, les parcs et bancs auront disparu de ma citée clermontoise.

 

Paysage urbain où la grisaille du matin laisse entrevoir des nuages gris annonciateurs de pluie, arbres se balançant au gré du vent, temps humide qui demande de se couvrir, de prévoir parapluie, pull et vêtement imperméable, maisons plus pâles et grises, rues calmes, circulation un peu moins dense. Le citadin préfère rester chez lui, le temps d’un week-end triste.

Moi, je rêvais et t’imaginais…

 

Tu étais présente dans l’ombre

je m’efforçais de percer deviner ce corps difforme

ton visage me faisait penser à un petit chat blessé

des yeux perçants, tristes, rieurs à certains moments

des lèvres gourmandes

ton corps un peu chancelant, je croyais le connaître.

 

Dans cette brume de l’aube, je me trompais…

Des épaules un peu plus larges

tes mouvements incertains.

Je ne connaissais pas le but de ton errance.

 

En fait, je ne connaissais rien :

qui tu étais, d’où venais-tu ?

Plus tu approchais plus je doutais de ton identité.

Je croyais te connaître

Mais c’est à l’écoute de ta voix que ton identité s’est révélée :

tu étais celle qui m’avait choyée durant toutes ces années

tu étais ma sœur préférée.

 

Vivant toutes les deux à Clermont-Ferrand, depuis de longues années, déjà, nous nous sommes suivies au Mont-Dore, 4 années durant y étudiant et y travaillant, l’été pour gagner un peu d’argent. Argent servant à nos divertissements et à l’achat de quelques objets utilitaires (vêtements, etc…), puis, plus tard, je suis revenue dans la ville dans laquelle je vis encore actuellement.

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Certaines rues et avenues sont claires, d’autres sont des rues étroites où on ne distingue pas la où la lumière manque où l’air frais pénètre pendant la chaleur d’été et la fraîcheur de l’hiver.

Le linge pend aux fenêtres, les habitations sont vétustes dans ce vieux quartier du centre ville, les murs suintent d’humidité et sont fendillés par l’usure du temps. Les trottoirs sont écrasés par les éboulis des travaux, le cambouis colle aux chaussures, les devantures des vitrines sont encombrées et les déchets canins ne viennent pas y ajouter une note de propreté.

 

Finalement, ma ville se renouvelle assez souvent, magasins changeant souvent d’enseignes, rues en perpétuel mouvement, allers et retours des passants, agitations, manifestations… ces éternels mouvements me font parfois tourner la tête.

 

Ma ville est  redevenue jeune, en dehors de ses monuments telle la statue de Vercingétorix  nous regardant toujours de haut, du général Desaix ayant gagné la victoire, de la « pyramide » près de l’ancien Hôtel-Dieu près de laquelle une cabine téléphonique sert de bibliothèque. Dans le parc de verdure, las animaux sont rares, les cygnes et les canards s’ébattent sur l’étang. L’otarie n’est plus mais est représentée sous forme d’un buisson de verdure taillé. Les pépiniéristes travaillent beaucoup pour représenter le blason de l’Auvergne avec différentes fleurs. 

ma ville change beaucoup et la jeunesse l’apprécie.

 

Quelques groupes de jeunes se forment devant les cinémas, assis sur des bancs en pierre de Volvic, grisâtres et solidement fixés. Ils savourent leur déjeuner, discutent et plaisantent joyeusement.

Je me plais à les admirer.

 

Un jeune homme, en particulier, attire mon attention, mal habillé, vêtements colorés, chemise à fleurs, pantalon à carreaux, grosses chaussures de soldat.

Je me rêvais adolescente, riant et plaisantant. J’aimerais être avec ce groupe pour profiter de ce moment présent.

 

Le soleil laisse entrevoir de beaux rayons dorés. L’automne, avec ses feuilles rougies, nous console de l’hiver qui arrivera bientôt.

Vite… mon tram arrive, je cours au devant (de lui) et monte expressément à l’intérieur pour reprendre le chemin de mon lieu de vie.

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Le soir, à la tombée de la nuit, lorsque, entre chien et loup, on entrevoit des formes un peu plus floues, des ombres avancent dans l’obscurité, les citadins de ma ville et autres endroits des périphéries de la région proche, s’avancent dans cette nuit où la lune tenant à prendre toute la place auréolée d’un cercle orangé, est voilée par un léger brouillard.

Les passants se précipitent au théâtre, aux soirées musicales, au cinéma et autres divertissements.

Ma ville est riche, pleine d’avenir.

Je l’apprécie pour son histoire, les découvertes qu’elle nous permet, les endroits secrets et cachés dans d’anciennes cours de maisons bourgeoises.

 

Quand je m’éloigne de ma ville, j’en ai la nostalgie et j’y reviens aussi vite que j’en étais partie. La ville me manque, les personnes que j’y côtoie aussi. J’aime cette ville, elle vit au rythme du temps qui passe. J’admire ses lumières. Mes jours y sont aussi beaux que mes nuits.  

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Mais ma campagne a des arbres plus verts, des prairies plus florissantes, des champs de blé dont le meunier extraira la farine qui sera ensuite transportée dans nos boulangeries des campagnes et des villes. Le client du matin saluera la commerçante et la remerciera du bon pain fabriqué par son époux le boulanger.

Ces chemins qui nous portent à observer la création (arbres de l’automne : châtaigniers, noyers), chemins où l’on randonne en dehors des villes nous permettent de retrouver l’ambiance de la campagne.

 

L’aube du matin laisse entrevoir une lune s’effaçant face à un soleil qui apparaît derrière la colline ; ce midi, il est au zénith, et le soir, se couche derrière une maison, une vallée ; ensuite, la pénombre laisse place, à nouveau, au croissant de lune, nos pensées s’activent, sont changeantes, notre état d’esprit varie à la lueur d’une nuit dans laquelle le sommeil tarde à venir et l’absence des êtres, des choses, au fond de nos entrailles, laisse couler les larmes de l’absence.

Anne-Marie Blanc

Dessins

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Sébastien Gironde

Une goutte d’eau se transforme en rivière.

Ce sont là des personnes rares que l’on voit, comme ça.

Il y a l’oiseau qui fait un câlin au marin.

Lui, le marin, il va toucher l’ours par derrière. Il est plutôt triste.

L’ours aussi a les yeux tristes, les mêmes yeux que le marin. Peut-être un peu « Jean qui rit », « Jean qui pleure ».

L’oiseau, celui du bas, en-dessous de l’ours, est un oiseau humain, soucieux. Il a baissé les bras. Mais l’ours le réconforte.

 

Au centre, c’est un jeune paysan. Il porte un chapeau rond. Il est étonné de se trouver entouré de tous ces gens. Sa cravate, c’est le nez du chien. Mais il a aussi quelque chose d’un curé… à cause de cette cravate. Son habit, c’est une tête de bouledogue. On distingue bien les deux oreilles du chien qui sont aussi les bras du paysan.

Ce chien, il a de belles dents, mais il n’est pas méchant.

 

Et le petit oiseau, tout en bas, il nous regarde fixement.

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Sébastien Gironde

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Ils sont tous charmés par le charmeur.

Il y a un vieil ours à barbe blanche.

À côté, un enfant avec une truite sur la tête.

Devant, une dame, japonaise, avec une tête cousue sur son pull, mais vivante quand même.

Le mulet, il écoute la musique. Il voudrait parler à l’oreille du charmeur.

Ils écoutent tous.

Sébastien Gironde

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Autoportrait. Sébastien Gironde

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Sébastien Gironde (encres et brou de noix)

Il est hébété, assis sur le banc, tiré d’un sommeil lourd de nuages sombres et de bruits hystériques, ses rides, ses expressions, mimiques imperceptibles, se faufilent sur son visage usé, enfumé, assombri, son regard est vide, sa stature hésitante semble sursauter au moindre mouvement, sec, speed, rapide et ayant oublié ce qu’il voulait, ses vêtements propres du matin, il gémit des cris plaintifs, hachés, de sa voix rauque, mal dormi mais avenant tout de même.

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Béatrice Kukolj

Olivier Durif

C'est lui, l'être sensible

- qui souffre.

Langue de pierre

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Portrait avec masque

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L'ours

Christophe Folléas

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Le pion

Kevin Leguet

Kevin Leguet

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R. W.

Qui es-tu homme bleu ?

Serais-tu triste ou pas ?

Ou pas content du tout.

Tu me regardes en coin

Au bout de tes yeux bleus.

Tu ne sais rien du monde

Et que la terre est ronde

Le soleil lumineux.

Qui es-tu homme bleu ?

Tu me parles du temps

Et du soleil levant

Des mers éclaboussées

Du vent dans les fossés

Et dans tes yeux je vois

L’espérance

Au fond de toi.                                        Guylaine

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L'enfant et l'oiseau Josiane Ribéry

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La montagne murmure le chagrin du ciel.

Charley Val

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Sophie Lagadec, Paysages des volcans

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Sophie Lagadec, Portraits

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La journée de rencontre du 9 novembre entre les ateliers de "La chaise bleue",  des "Tisseurs de Mots", de l'atelier "5 étoiles", celui du SAJ L'Oasis, quelques personnes de l'équipe de La Semaine de la Poésie de Clermont-Ferrand invitées et Marie Rousset, poète, a permis des échanges, des écritures en vis à vis des dessins de Christophe Folléas, Sébastien Gironde, R.W., Sophie Lagadec, Josiane Ribéry, Kevin Leguet et Béatrice Kukolj et a ouvert des projets de créations communes, actuellement en cours:

Charley Val et Sébastien Gironde mêlent leurs mots et dessins, Corinne Lamoine écrit pour des dessins ou peintures, les jeunes de l'atelier "5 étoiles" écrivent en écho à des dessins de Christophe Folléas et Sébastien Gironde...

Écritures et dessins en écho

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Corinne Lamoine :

Au centre du dessin, un hibou apparaît. On voit ses yeux blancs. Par contre, le bec n’est pas dessiné. On voit ses ailes repliées le long du corps.

La couleur du hibou est gris-blanc sur fond noir.

Sur le tronc de l’animal apparaissent des traits noirs ;

 

Peut-être qu’il s’envolera pour chercher sa nourriture.

 

Ces espèces d’animaux ne vivent que la nuit, ils chassent les rongeurs, leur couleur foncée se fondant avec le noir de la nuit et leur plumage ne peut être repéré par des prédateurs.

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dessin de Christophe Folléas

Deux visages dans un décor tumultueux.

Les deux figures sont bien dessinées, avec deux yeux, le nez, la bouche.

Les deux personnages ont les cheveux gris, le deuxième, avec un peu de blanc.

 

Dans le décor, on voit des enroulements de couleurs, noir, gris, grenat et des traits en forme de grille, blanche, grise, sur un fond rouge et gris.

Des traînées rouges apparaissent en haut de la planche.  

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peinture de Josiane Ribéry

Une tête centrale de couleur rose, sans les oreilles.

Un tronc en forme de demi-hémisphère noire.

Le fond est bleu avec des nuances jaunes, roses qui rappellent le visage.

Les couleurs sont assez criardes, attirent l’attention.

L’ensemble n’est pas harmonieux.

 

Peut-être que ce personnage inventé par l’homme pourrait marcher bien qu’il n’ait pas de jambes, avec des appareils.

 

Les yeux sont noirs, le nez, noir et la bouche, permettraient à ce personnage de voir, respirer et de se nourrir.

 

Il n’a pas d’oreilles et n’écoute pas de sons, ce qui en fait un personnage surnaturel.

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peinture de Olivier Durif

Une tête, un buste de femme.

La tête ovale avec deux yeux noirs et rouges entourés de blanc.

Le nez, d’un trait, la bouche rouge, quelques cheveux orangés.

Un bras replié de couleur jaune, rouge, l’autre bras tendu avec des cercles jaunes, rouges, blancs, bord rouge.

Le fond est blanc avec quelques traits jaunes.

 

Ce personnage a l’air triste et semble penser à un livre qu’il pourrait lire un jour, avec de grandes images.

 

Le tronc est fait de traits épais rouges et jaunes et quelques taches, rouges, jaunes.  

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peinture de Olivier Durif

Le fond est rouge orangé, attire assez l’œil.

Un personnage avec deux grandes oreilles arrondies, le visage et le tronc, rond et ovale respectivement. Deux bras et deux jambes sans mains ni pieds.

Le personnage est de couleur marron.

 

À côté se tient un animal qui ressemble à une grenouille, les deux longs pieds en avant et, à l’arrière, des palmes. Tout l’animal est noir, sauf la tête qui est de la couleur du fond.

 

Le personnage et l’animal occupent tout l’espace, laissant peu de place au fond. Ils sont à peu près de la même taille.

En réalité, le personnage devrait être plus grand que cet animal.

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dessin de Sophoie Lagadec

Charley Val et Sébastien Gironde:

Plusieurs visages font orage, chacun une énigme, pareille à un labyrinthe.

Autrement, un regard qui voyage dans la mémoire lointaine et ancienne d’un éléphant noir qui s’est échappé loin des tourments de chacune de ces têtes.

Le guerrier du monde brille et protège les enfants des vies obscures de tout un chacun aussi fort que le regard du ciel qui subit le manque de lumière.

 

Souvent, nous nous demandons en quoi nous avons grandi.

Les racines profondes remontent à la surface sans que nous sachions pourquoi.

Recroquevillé dans l’intérieur, le noir complet, avec le temps, ça s’estompe.

L’eau purifie les âmes délabrées.

Les trafiquants d’espoir se jouent de nous sur la longueur de nos chemins caillouteux où il reste pourtant une étincelle encrée dans nos cœurs, pareille à une étoile qui veille au matin.

À l’instant présent, quand les gouttes tombent, la pluie éclaire les arcs-en-ciel sombres que nous sommes tous.

La nuit, une lueur apparaît. J’appelle cela un soleil de nuit, une présence bienveillante face au joueur de   l’ombre que nous retrouvons un peu partout, même en nous.

Je repense à m’envoler ailleurs, vers les premières lueurs, celles de l’enfance, avec pureté.

à venir: les photos des dessins de Sébastien Gironde et la suite des textes de Charley Val

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